Le BYOD désigne le fait pour une personne d'apporter son propre matériel numérique pour travailler. Avec près de 90% des élèves qui possèdent un smartphone, il représente une solution pour faire des économies tout en favorisant le numérique à l’école.
Extrait du livre Construire le modèle éducatif du XXIe siècle : les promesses de la digitalisation et les nouveaux modes d'apprentissage. (p. 153 et s.)
Le BYOD est avant tout une alternative intéressante et possible en raison du très bon taux d'équipement des particuliers français en outils numériques. D'après les chiffres de l'ARCEP, la progression majeure sur l'année 2014-2015 concerne la tranche des 12-17 ans, dont le taux d'équipement en smartphone s'est accru de 28 % pour atteindre 87 % en 2015[1]. Le smartphone est le terminal sur lequel les adolescents, dans les 5 années à venir, apprendront. Ce pronostic peut paraître risqué mais observons bien nos adolescents : leur portable est déjà devenu comme excroissance de leur main.
Il est vrai que la problématique de l'équité se pose : les différences socio-économiques des foyers peuvent avoir des conséquences sur le niveau d'équipement des élèves. Cet argument est toutefois invalidé par les faits. En réalité, la situation actuelle des collèges en matière d'équipement est déjà fondamentalement inéquitable. Contrairement aux idées reçues, le BYOD est une solution pour assurer l'équité dans l'accès aux équipements numériques dans un contexte budgétaire austère. Le problème fondamental posé par les politiques d'équipement verticales est la combinaison de leur lenteur et de leur coût qui engage le politique au moins sur plusieurs années, voire une décennie. Le BYOD constitue au contraire une solution de souplesse qui correspond à la rapidité des progrès technologiques.
Mais le BYOD n'est efficace qu'à certaines conditions. Deux impératifs doivent être pris en compte : l'existence d'une connexion internet de haut débit et la possibilité pour les professeurs de contrôler l'usage des outils numériques par les élèves. La politique de l'équipement doit donc se recentrer sur la qualité de la connexion Internet, notamment en fibre haut débit. La seconde question porte sur les rapports entre professeur et élève : face aux digital natives, certains professeurs peuvent craindre de ne pas avoir les moyens de contrôler l'action des élèves. Fort heureusement, des logiciels de verrouillage existent aujourd’hui en France. Ils permettent aux enseignants de bloquer le support mobile des élèves sur le site ou l'application en cours d'utilisation et de suivre en direct sur un moniteur les différents écrans des élèves présents.
La question juridique se pose aussi car l'usage actuel du smartphone est interdit pendant les heures de classe à l'école primaire et au collège. Il est donc souvent difficile à un professeur de mener des expérimentations impliquant le téléphone portable en classe sans contrevenir au code de l’Education. Il faut changer cela. Les professeurs ont déjà commencé à aller dans ce sens. Un certain nombre d’entre eux « textent » durant les devoirs sur table, voire pendant le cours…Et, heureusement, le code de l’Education ne semble pas encore prévoir de colles pour eux.
[1] Baromètre du numérique réalisé par le conseil général de l'économie de l'industrie, de l'énergie et des technologies du Ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique, édition 2015, p. 25.
Leave a comment